Pourquoi lire la Bible ? Elle encourage l’exploitation de la nature !

“Je n’aime pas la Bible, car dès ses premières lignes, elle encourage l’exploitation de la nature”. Une telle idée est, aujourd’hui, assez largement répandue. Mais d’où vient-elle ? C’est un théologien libéral, Eugen Drewermann[1], qui a, le premier, accusé les chrétiens d’avoir fait de Genèse 1.26 l’alibi théologique justifiant la « soumission » et l’exploitation violente de la nature par l’être humain. Étonnant pour un théologien, non ? Pour moi, cette opinion de Drewermann est fausse, et son jugement est nul et non avenu. Voici deux raisons qui me poussent à penser ainsi.

  1. Est-ce vraiment ce que dit le premier livre de la Bible ? Non !

Plutôt que de recueillir, de seconde mains, des à priori, préjugés, et idées reçues, étudions le texte par nous-mêmes. En Genèse 1.26, Dieu, appelant le genre humain à l’existence, dit : « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu’il domine (…) sur la terre » (Gn 1.26-27). Le verbe dominer a, dans notre culture post-moderne, pris une connotation très négative ! Alors qu’un autre mot, appartenant au même champ lexical, le mot “domaine”, est nettement moins chargé. Quand on dit à quelqu’un “je te confie la responsabilité de cela, c’est ton domaine de compétence”, ça veut dire qu’on lui fait confiance pour qu’il prenne soin de quelque chose qui ne lui appartient pas.

A mon sens, c’est ainsi qu’il faut comprendre Genèse 1.26. L’injonction divine à dominer doit être comprise à la lumière de l’acte de Dieu en Genèse 2.15 : il place Adam dans le jardin pour en prendre soin. “L’Éternel Dieu prit l’homme et le plaça dans le jardin d’Éden pour le cultiver et pour le garder”. Une responsabilité est donc confiée aux humains : cultiver, c’est-à-dire faire fructifier, apporter l’harmonie ; et garder, c’est-à-dire préserver.

Selon la Bible, l’intention de Dieu pour l’homme au commencement, c’est donc l’intendance de la création, qui est intimement liée à l’image de Dieu. L’homme cultive et garde ce que Dieu a créé[2]. Or, garder, c’est préserver ce qui est donné pour le partager entre tous. La problématique écologique est toute entière contenue dans cet impératif !

  1. Selon la Bible, Dieu demandera des comptes aux humains, intendants de la création.

En Apocalypse 11.18, on voit qu’un jour, Dieu décrètera : « le temps est venu (…) de détruire ceux qui détruisent la terre ». Si Dieu demande des comptes à l’être humain, c’est qu’il le considère comme un intendant, un gérant temporaire de biens qui lui ont été confiés, pour un temps seulement, « car la terre est au Seigneur, et tout ce qu’elle renferme » (1 Co 10.26, Ps 24.1, Dt 10.14). Ce principe est clair lorsque nous voyons qu’en Israël, l’année du jubilé, toutes les propriétés foncières devaient revenir à leur premier propriétaire, à savoir Dieu lui-même : « La terre ne se vendra pas à titre définitif ; car le pays est à moi, car vous êtes chez moi comme immigrants et comme résidents temporaires », dit l’Eternel (Lv 25.23).

Si donc, pour le Dieu de la Bible, la création m’a été confiée pour que je la préserve, j’aurai à lui rendre compte de mon intendance, et je me dois de la préserver. Prise au sérieux, la Bible ne devrait donc pas servir d’alibi à une exploitation forcenée de la biosphère, mais elle devrait motiver une intendance respectueuse de celle-ci.

 

Aurélien Bloch, 2022

 

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Notes bibliographiques :

  1.  DREWERMANN Eugen, Le progrès meurtrier, Paris, Stock, 1993,
  2.  Wittmann Daniel, Le travail, malédiction ou valeur chrétienne, Marne-la-vallée, Farel-GBU, 2010., p8-10.

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