“Dieu n’existe pas”, une hypothèse incohérente

Dieu n’existe pas, une hypothèse incohérente

Contrairement à ce que les athées pourraient penser, il est plus logique de croire que Dieu existe que de nier son existence. Cet article explique pourquoi. 

Nous allons explorer un argument qui prétend démontrer l’existence de Dieu à partir de l’idée même de Dieu. La conclusion du raisonnement semble tellement démesurée, au regard de la simplicité de ses prémisses, qu’il a tendance à nous apparaître tout à fait déroutant. Mais avant de hurler à l’argument circulaire, présentons l’argument ontologique en bonne et due forme.

Comment sait-on que l’on sait ? 

Pour vérifier une hypothèse faite sur le réel, il faut interroger le réel. Par exemple, pour vérifier s’il me reste du tiramisu dans le frigo, je me lève et je regarde dans le frigo. L’hypothèse est validée par l’expérience.

Mais il existe une autre façon d’interroger le réel, c’est de l’appréhender par la logique. 

Pour vérifier l’hypothèse : il me reste du tiramisu à la fraise dans le frigo, nul besoin d’expérience, il me suffit de réaliser qu’une chose telle qu’un tiramisu à la fraise est complètement absurde et par conséquent, ne peut pas exister dans mon frigo. Seuls les tiramisus au café sont de vrais tiramisus. 

Une hypothèse incohérente est donc une hypothèse contredite par la logique. Son énoncé invite à des conclusions contradictoires ou absurdes. Cette hypothèse n’ayant pas pu passer le test de la logique, elle ne correspond pas au réel. Elle est rendue caduque par manque de cohérence, ne reposant sur rien de solide.

Pour comprendre plus précisément ce qu’est une hypothèse incohérente, je vous propose de nous mettre à l’école de l’histoire d’une très célèbre réfutation.

L’histoire de la chute des corps

Je fais tomber une plume et une balle de bowling par la fenêtre de ma chambre. C’est dangereux, mais ça me permet de voir que la balle de bowling tombe plus vite que la plume. Conclusion, la vitesse d’un corps en chute libre dépend de son poids. C’est exactement l’hypothèse formulée par Aristote dans l’antiquité.

Pourtant en 1564, Galilée osa remettre en cause l’autorité et la logique d’Aristote vieilles de 18 siècles. Et à son tour, il observe que les objets les plus lourds tombent plus vite que les objets plus légers. Mais le mathématicien est catégorique, l’hypothèse d’Aristote est fausse. La vitesse d’un corps en chute libre ne dépend pas de son poids.

Alors que l’observation de la chute des corps tend à nous faire valider le point de vue d’Aristote, Galilée nous propose une expérience de pensée, la voici  : 

  1. La chute des corps dépend de leur poids
  2. Imaginons la chute d’une pastèque reliée à une pomme et la chute d’une pastèque seule
  3. L’ensemble [pastèque + pomme] est plus lourd que la pastèque seule et donc tombe plus vite 
  4. Or dans l’ensemble [pastèque + pomme], c’est la pomme qui est plus légère que la pastèque, elle tombe donc moins vite et freine la pastèque dans sa chute, comme le ferait un parachute. L’ensemble [pastèque + pomme] tombe alors moins vite que la pastèque seule
  5. Il est possible de conclure une chose et son contraire avec la même hypothèse, ce qui est absurde
  6. L’hypothèse de départ est donc forcément fausse

Grâce à la logique, Galilée nous démontre que l’hypothèse d’Aristote ne peut pas être vraie et ce sans aucun besoin d’expérience matérielle. Mieux que ça, malgré les observations donnant raison à Aristote, on peut conclure à la fausseté de son hypothèse. Pourquoi ?

Parce que son hypothèse est incohérente. 

D’après Galilée, si les objets plus lourds apparaissent comme tombants plus rapidement, cela est dû à des facteurs extérieurs. Sans ces facteurs, c’est-à-dire dans le vide, une plume et une boule de bowling tomberaient à la même vitesse. Plus tard, d’autres expériences viendront montrer que Galilée avait raison, la chute des corps dans le vide ne dépend définitivement pas de leur poids et ne dépend au final qu’uniquement de la force gravitationnelle à laquelle ils sont soumis. Ce qui nous induit en erreur par l’observation, c’est que dans notre expérience quotidienne, l’action de l’air vient freiner la chute des objets. Pris en compte, les frottements de l’air conduisent à une vitesse limite de chute qui est atteinte plus ou moins rapidement en fonction du coefficient aérodynamique de l’objet. 

Cette histoire nous apprend quelque chose de primordiale sur la façon dont nous savons les choses, la logique y tient une place importante. Le premier fait d’armes du père de la science moderne ne s’est pas passé dans un laboratoire mais bien dans une expérience de pensée. 

Et si Dieu n’existait pas ?

Comme Galilée, commençant son raisonnement avec les présupposés d’Aristote, je propose que nous partions d’un présupposé athée. A savoir : Dieu n’existe pas.

Nous allons tenter de nier l’existence de Dieu. Donnons de son être une définition aussi simple que radicale : Dieu est l’être parfait. C’est-à-dire qu’il est *un être tel qu’on ne peut en concevoir de plus grand*. Il est donc l’absolue perfection et on pourrait dire qu’il possède tout ce qui est digne d’amour et d’admiration. La rationalité, la justice, la toute-puissance, l’amour, la connaissance, la générosité…

Voici le raisonnement :

 

  • Je conçois un être D tel qu’aucun être plus grand ne peut être conçu

 

→ le premier mouvement de cet argumentaire par l’absurde est de conceptualiser l’être absolu. C’est à dire l’acte de comprendre et de saisir par l’esprit le concept d’ *être tel qu’on ne peut en concevoir de plus grand* 

 

  • Supposons que D n’existe pas

 

→ Maintenant nous formons l’idée que l’être précédemment conçu n’’existe pas en réalité, il n’est donc qu’une abstraction 

 

  • Je peux alors concevoir un être D*, en tout semblable à D et qui existe

 

→ cette fois on conceptualise un être en tout point égal au précédent mais qui lui existe vraiment

 

  • Il est plus grand d’exister que de ne pas exister

 

→ on admet simplement la prémisse qu’il est plus grand d’exister que de ne pas exister

 

  • D* est alors plus grand que D, et nous venons de concevoir D*, ce qui est absurde, car D est l’être tel qu’aucun être plus grand ne peut être conçu

 

→ on constate que l’on a conceptualiser un être absolu plus grand qu’un être absolu ce qui est absurde. On ne peut pas nier l’existence de l’être absolu sans être incohérent.

Un athée qui comprend et accepte la définition de Dieu comme *un être tel qu’on ne peut en concevoir de plus grand* est condamné à déraisonner puisque nier son existence le conduit à une absurdité. L’hypothèse « Dieu n’existe pas » est donc incohérente et doit être amendée sous peine d’irrationalité. Évidemment, cette conclusion fracassante n’a pas été sans faire couler beaucoup d’encre. Nous aurons l’occasion de revenir sur cet argument si singulier dans de prochains articles. Mais la prochaine fois nous nous pencherons sur la possible ambiguïté du raisonnement, serait-il tout simplement un argument circulaire ?

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