La Bible, trésor culturel, et bien plus

“Projet bébé” : plan utopiste ou plan égoïste ?

Ce printemps, le public se pressait pour voir la Bible illustrée de Moutier-Grandval, au point que les visites étaient à guichet fermé. Bien sûr, il s’agissait d’admirer un chef-d’œuvre d’art médiéval. Mais au-delà, la Bible continue à fasciner. Elle est le livre le plus traduit, le plus diffusé et le plus lu au monde, et continue d’être traduite dans de nouvelles langues. De nouvelles éditions la présentent dans une langue plus accessible ou plus littéraire, au prix d’un café ou sous forme de beau livre. Même parmi les plus jeunes, des groupes d’étudiants des universités et gymnases continuent de se rassembler pour la lire et en discuter, en Suisse et partout dans le monde.

La Bible reste indispensable pour comprendre le monde où nous vivons et la culture occidentale. La plupart de nos jours fériés renvoie à des événements bibliques, et l’art du moyen-âge ou de la renaissance regorge de scènes bibliques. Beaucoup de nos expressions viennent également de la Bible : « tendre l’autre joue », « rendre à César ce qui est à César », « un combat de David contre Goliath », et ainsi de suite.

Elle est cependant plus encore qu’une référence culturelle. Mohanda Gandhi, grande figure indienne de la non-violence, disait à son sujet : « Vous, chrétiens, vous prenez soin d’un document qui contient assez de dynamite pour mettre en pièce toute civilisation, bouleverser le monde et amener la paix sur une planète déchirée par la guerre. Mais vous le traitez comme s’il n’était rien de plus que de la littérature. » La Bible est porteuse de valeurs qui ont inspiré Gandhi et tant d’autres. Elles nous semblent parfois évidentes tellement notre culture en est imprégnée, mais elles n’auraient pas vu le jour sans la Bible. Nous croyons à des droits inhérents à la personne humaine et à une valeur que chaque être humain possède indépendamment de son origine, sa classe sociale ou sa réussite personnelle. Mais ces idées étaient étrangères aux conceptions grecques, égyptiennes, sumériennes ou vikings. C’est la doctrine de la création de tout être humain à l’image de Dieu qui a apporté cette idée, qui s’est ensuite sécularisée et globalisée. De même, l’instinct que beaucoup ont de prendre parti pour les plus faibles, les opprimés et les victimes est très largement chrétien. La Bible montre un Dieu prenant le parti des pauvres et des sans-droit. Et plus encore, un Dieu qui accomplit son dessein en venant mourir sur une croix comme le dernier des criminels, ce qui était une folie pour les Grecs mais a transformé notre regard sur les opprimés et les victimes.

Conclusion

Lire la Bible est ainsi essentiel pour comprendre et nourrir des valeurs-clés pour notre civilisation. La lire pour soi permet aussi de juger par soi-même de ce qu’est la foi chrétienne, sans être dépendant de la vision de son clergé ou de ses opposants. Cependant, il y a encore plus. Jésus fustigeait les experts religieux qui passaient leur temps dans les pages des Écritures, sans se rendre compte qu’elles témoignaient de lui. Au-delà des récits beaux ou tragiques, au-delà des références culturelles et des valeurs, au-delà des éléments inspirants ou perturbants de la Bible, celle-ci est une invitation à une rencontre. Une rencontre avec le Dieu créateur, une rencontre avec le Dieu d’amour, une rencontre avec le Dieu qui s’est rendu proche en la personne de Jésus. Il n’y a pas besoin d’être croyant pour lire la Bible avec profit. Elle fait partie d’un fond culturel nécessaire pour comprendre notre monde. Il vaut la peine de la lire par simple curiosité, mais aussi d’avoir l’ouverture qu’elle puisse nous amener plus loin.

Jean-René Moret, secrétaire général des Groupes Bibliques des Écoles et Universités


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