Le Mondial à tout prix?

Protestation_mondialUn budget qui se chiffre en dizaines de milliards. Des installations gigantesques. Des population pauvres expulsées pour faire de la place. Chaines de télévision, vendeurs de drogues, marchands de  hot-dog et réseaux de prostitution se frottent les mains. On s’enthousiasme sur les exploits d’une équipe nationale, on déplore ses revers, on espère, on soupèse les chances. Pour une fois, chacun affiche ses couleurs nationales sans craindre de passer pour un fasciste. C’est à nouveau la saison du mondial ! Comme toujours l’ampleur des moyens et de l’intérêt impressionne, mais avec les éditions on se rend davantage compte des côtés négatifs de la manifestation[1. Voir par exemple : cette vidéo d’une brésilienne  : Non, je n’irai pas à la Coupe du Monde au Brésil

Un évènement facebook appelant au boycott

Cet appel dans “Libération” : Boycottons le foot et la Fifa]. On déplorera bien sûr ceux-ci, mais il n’est pas vain de se demander quelle force pousse à donner un tel poids au mondial de foot.

 Un vide à combler

Un temps, la cohésion nationale et sociale reposait sur une histoire commune ou une religion instituée, partagée. Avec les Lumières puis les temps modernes, ce sont de grands idéaux ou un projet de société qui canalisaient les énergies.Bien sûr, le passé a toujours été parcouru de courants de pensées divergents, des débats passionnés traversaient la société, qui n’avait rien d’idyllique.

La ferveur nationale s’exprimait aussi en temps de guerre, la patrie menacée justifiait tous les sacrifices. De tout cela, il ne reste que des traces et des lambeaux. La folie de deux guerres mondiales a montré le danger du nationalisme et d’idéaux élevés au dessus de la valeur de la vie humaine. Les valeurs et les projets de sociétés se sont fractionnés, chacun porte un peu les siens et aucun ne récolte l’adhésion générale. L’unité ne se fait presque plus sur aucun sujet. Il n’y a plus guère d’espoir commun, partagé par la société en bloc.

 Le sport comme substitut

C’est là qu’interviennent les grandes compétitions sportives. Par elles, on peut retrouver l’ivresse d’une foule portée par un objectif et un espoir commun. Une équipe gagnant donne à son pays l’occasion de se sentir fier, l’impression d’avoir accompli quelque chose, d’avoir une valeur parmi les nations. D’une manière, même sans être passionné de sport, on se sent l’envie d’en faire partie, d’avoir droit à sa part de ferveur en s’impliquant, en regardant, en soutenant l’équipe qui porte notre étendard. Bien sûr, l’ambiance est démultipliée pour ceux qui font le déplacement du Brésil, qui verront de leurs yeux, qui seront entourés de compagnons qui partagent le même degré de motivation. Dans un sens, on peut être très reconnaissant que toute cette ferveur soit investie dans une compétition sportive plutôt que dans un conflagration mondiale. Certes, il y a aussi l’amour du sport, l’admiration pour de beaux gestes techniques, et on peut apprécier la virtuosité et la cohésion d’une équipe. Mais tout cela est amplifié par un vide de valeur et d’espoir, qui se reporte sur ce genre d’évènement.

 

Coupe_mondeCet intérêt, étendu à l’échelle mondiale, crée un immense potentiel qui alimente et nourri la manifestation, tant sur place que dans ses ramifications télévisuelles, radio, internet, etc. Là où il y a des gens et de l’intérêt, il y a de l’argent à faire, et lorsque tant d”argent est concerné, il faut un miracle pour que tout reste propre et équilibré[2. Voir notre éditorial sur l’argent.]. On peut, et on doit, dénoncer les mauvaises pratiques de la FIFA [3. Voir par exemple :Copa Para Quem? Le fascisme soft de la FIFA.] et appeler le gouvernement brésilien à plus de justice. Cependant il nous faut être conscient que notre intérêt pour le mondial est le carburant qui fait avancer toute la machine. Nous sommes prêts à payer ce prix, à faire payer ce prix parce que nous courrons après la moindre parcelle d’espoir, de cohésion, de fierté.

 

Qu’on me comprenne bien, je n’ai rien contre le sport, c’est en soit une activité saine et plaisante. L’ambiance d’un match regardé entre amis a elle aussi sa valeur. Mais lorsqu’il est investi de trop d’espoir et de valeur, le sport devient une idole monstrueuse à laquelle nous sommes prêts à sacrifier temps, argent et justice. De plus, il nous distrait de rechercher ce qui compte vraiment, ce qui mérite notre espoir et notre investissement.

 Chercher plus loin

Les idéologies humaine et les grands projets ne répondent pas vraiment à ce dont nous avons besoin. Ce site vous propose de réfléchir à ce que le Dieu créateur propose par la foi en Jésus-Christ, notamment :

Jean René Moret, Juin 2014

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