Quel sens pour Noël ?

Article paru dans 24 heures, le 16 décembre 2019

Noël approche. C’est la période où l’on doit se coltiner les achats de Noël, pour pouvoir se forcer à offrir des cadeaux que les gens feront semblant d’apprécier. C’est le temps de feindre l’existence d’un gros St-Nicolas dévoyé par Coca-Cola, et d’afficher des bonhommes de neige en plastique, puisque la neige manque de plus en plus pour l’original. Pas surprenant qu’un John Grisham ait écrit un roman basé sur l’idée d’esquiver Noël !

Si Noël semble une fête en toc, une mascarade assez creuse, c’est peut-être qu’on a perdu de vue ce qu’on y fête. Et le contenu original a assurément un message à transmettre pour notre société, qui pourrait même donner sens à toutes ces célébrations.

Noël, c’est l’histoire de Dieu qui vient sur terre. Il ne vient pas comme un super-héros plein de pouvoirs et de biscottos, mais comme un petit enfant vulnérable. Il ne vient pas naître dans une maison royale, comme les pharaons qui se prétendaient fils des dieux. Il naît dans un couple de moyen-orientaux modestes qui cherchaient un lieu où dormir loin de chez eux. Jésus est bien reconnu comme le Fils de Dieu, mais pas au sens de la mythologie grecque : Zeus a des fils sur terre lorsqu’il profite de son pouvoir pour coucher avec des mortelles, ils ne sont qu’un effet secondaire de la satisfaction (souvent abusive) de ses désirs. Jésus est lui conçu en toute innocence, avec l’accord de la jeune future maman.

En Jésus, c’est Dieu lui-même qui vient sur terre. Il vient se faire connaître à une humanité qui s’est éloignée de lui. Il vient marcher avec les humains, et les appeler à retrouver le projet d’amour du créateur, une humanité unie dans l’obéissance filiale envers Dieu, une humanité qui reflète entre elle l’amour qui existe en Dieu. Au cours de cette mission, il va rejoindre les exclus, guérir les malades, relever les faibles, mais aussi critiquer les hypocrites et les religieux bien comme il faut, et montrer qu’il existe une autorité au-dessus des pouvoirs et dominations humaines. Ces remises en causes vont le mener à connaître le rejet, l’humiliation, la souffrance et la mort. Noël nous parle aussi d’un Dieu qui connaît, comprend et partage les souffrances humaines, pour ramener l’humanité à lui.

Le Dieu qui vient en Jésus-Christ n’est pas un potentat imbu de sa puissance, pas plus qu’il ne se contenterait de jouir d’un bonheur sans faille en ignorant les pauvres humains. Il n’est pas le dieu horloger d’un Voltaire, qui lance la machine et ne s’en préoccupe plus. C’est un Dieu qui comprend la douleur, la solitude et la faiblesse, qui vient les vivre et les partager. Le message de Noël, c’est que Dieu est humble, qu’il veut restaurer ce qui est brisé dans l’humanité, et se faire proche de chacun. La joie de Noël c’est d’accueillir ce Dieu-là. Et elle se traduira en réconciliation, en soucis pour les plus faibles, en accueil de celui qui ne nous ressemble pas. Pas de meilleure manière de se libérer d’une vacuité mercantile que de revenir à ce sens de Noël !

Jean-René Moret, Dr des., pasteur à l’Église Évangélique de Cologny (FREE)

2 réflexions sur « Quel sens pour Noël ? »

    1. Bonjour, une erreur répétée mille fois n’en fait pas une vérité.
      L’origine païenne de Noël est une hypothèse infondée. Il n y a aucune preuve historique qu’une fête païenne ait eut lieu chaque année le 25 décembre.
      Archéologiquement, la seule piste est un calendrier daté de l’année 354 prévoyant, pour cette année là, pour les païens de fêter soleil invaincu le 25 décembre. Mais les païens ne fêtaient pas leurs fêtes à des dates précises. Ainsi d’autres témoignages montrent que parfois cette même fête était fêtée en octobre ou en août. L’existence d’un culte ou d’une fête du soleil n’est même pas attestée avant les années 270.

      D’autre part,
      Des chrétiens avaient déjà choisis la date du 25 décembre comme date de naissance de Jésus pour des raisons qui n’avaient rien à voir avec le paganisme.
      Pour la raison simple que la tradition juive disait que la date de la mort des prophètes et des saints tombait la date anniversaire de leur conception.
      Jésus étant mort soit fin mars, soit début avril (le 14 du mois de Nissan du calendrier juif), beaucoup de premiers chrétiens en déduisaient qu’il avait été conçu à la même date. On ajoute donc 9 mois et on tombe dans cette période de fin décembre – début janvier. (les orthodoxes fêtent d’ailleurs Noël le 6 janvier, et non le 25 decembre)

      Hippolyte de Rome (170-235) qui a vécu bien avant la première mention de l’existence d’une fête païenne le 25 décembre nous dit dans son commentaire du livre biblique de Daniel, livre IV :
      “La naissance de notre Seigneur qui s’est fait chair, s’est produite à Bethléhem, à la date du 25 décembre, un mercredi, alors que l’empereur Auguste était dans sa 42e année. […] Il a souffert le vendredi 25 mars.”

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