Chronique biblique – Le Comptoir épisode 22, Décider de changer

« Mieux vaut penser le changement que changer le pansement ! » disait Francis Blanche, et il avait raison. 

Pourtant, le changement fait peur. C’est bien connu et c’est normal. Enfin presque normal : il n’y a pas grand monde qui refuserait la cagnotte de l’Euromillions, le grand amour ou la guérison d’une maladie grave parce que cela produirait trop de changement ! Dans le changement il y a bien sûr le risque de l’inconfort mais il y a aussi la promesse de plus de bonheur. 

Alors pourquoi avoir peur? Deux raisons barrent la route à toute progression : la croyance que la situation actuelle n’est pas si mauvaise que cela et l’impossibilité d’imaginer un avenir plus agréable. Autrement dit, l’idée d’être dans la moyenne est plus sécurisante que tenter une aventure potentiellement éprouvante et décevante ; dans la balance bénéfice-risque un « tiens » vaut mieux que deux « tu l’auras ». Mais comment savoir si on a la moyenne, si le précieux 10 n’est pas sur 20 mais finalement sur 1 000 ? Avons-nous les éléments de comparaison nécessaires pour en juger ? 

Il est vrai que se baigner dans un marais est plus agréable que se baigner dans une fosse à purin… mais l’est bien moins que se baigner dans une rivière ! Et la rivière est tout de même un peu sale et froide : on serait mieux dans une piscine ou encore, soyons fous, dans un jacuzzi. Pourquoi préférer un marais nauséabond si l’on sait qu’il y a mieux ? Parce qu’on ne sait pas s’il y a mieux… et qu’on s’est habitué à l’odeur du marais. 

Dans la Bible, la condition humaine est vue en comparaison avec un idéal perdu (Éden) et un idéal à venir (le retour de Jésus). Entre les deux, une pâle copie de la vraie vie prévue initialement par Dieu. Autrement dit, la situation est grave (l’homme ne jouit plus d’une communion avec son Créateur, ce qui l’éloigne du bonheur) mais pas désespérée (Dieu donne à l’homme les moyens pour progresser) et elle est même pleine d’espoir pour ceux qui mettent leur confiance en Jésus (le Saint-Esprit les pousse à progresser). Par conséquent le progrès, la délivrance, la rédemption, la guérison, le perfectionnement sont des thèmes majeurs de la Bible qui a été écrite pour que les humains aillent mieux. Son achat devrait d’ailleurs être remboursé par la Sécurité Sociale tant sa lecture a changé la vie de milliards de personnes depuis 2 000 ans. Pourtant, tout le monde pense que tout ceci est trop beau pour être vrai. Tout le monde ? Oui, tout le monde. Si vous n’êtes pas chrétiens, vous pensez qu’au fond vous êtes quelqu’un de bien (donc pas la peine de changer) et que vous êtes trop vieux pour croire aux contes de fées (donc pas la peine d’espérer mieux). Si vous êtes chrétiens, vous vous dites que mettre votre foi en Jésus a déjà été très bénéfique mais vous estimez que ça ne vaut plus trop la peine de faire d’effort pour progresser plus : vous comptez passer le reste de votre vie à attendre que Jésus revienne ou bien de le rejoindre après votre mort.

Jésus dit aux Juifs qui avaient mis leur foi en lui :
– Si vous vous attachez à la Parole que je vous ai annoncée, vous êtes vraiment mes disciples. Vous connaîtrez la vérité, et la vérité fera de vous des hommes libres.
– Nous, lui répondirent-ils, nous sommes la postérité d’Abraham, nous n’avons jamais été esclaves de personne. Comment peux-tu dire : « Vous serez des hommes libres ? »
– Vraiment, je vous l’assure, leur répondit Jésus, tout homme qui commet le péché est esclave du péché. Or, un esclave ne fait pas partie de la famille, un fils, lui, en fait partie pour toujours.
Si donc c’est le Fils qui vous donne la liberté, alors vous serez vraiment des hommes libres. Je sais que vous êtes les descendants d’Abraham. Pourtant, vous cherchez à me faire mourir parce que ma parole ne trouve aucun accès dans votre cœur. Moi, je parle de ce que j’ai vu chez mon Père. Quant à vous, vous faites ce que vous avez appris de votre père.
– Notre père à nous, répondirent-ils, c’est Abraham.

[…]

Votre père, c’est le diable, et vous voulez vous conformer à ses désirs. Depuis le commencement, c’est un meurtrier : il ne se tient pas dans la vérité, parce qu’il n’y a pas de vérité en lui. Lorsqu’il ment, il parle de son propre fond, puisqu’il est menteur, lui le père du mensonge. Mais moi, je dis la vérité. C’est précisément pour cela que vous ne me croyez pas. Qui d’entre vous peut m’accuser d’avoir commis une seule faute ? Si je dis vrai, pourquoi ne me croyez-vous pas ? Celui qui appartient à Dieu écoute les paroles de Dieu. Si vous ne les écoutez pas, c’est parce que vous ne lui appartenez pas. 

JEAN 8.31-39, 44-47 

Avez-vous remarqué que c’est un véritable non-dialogue auquel vous venez d’assister ? L’incompréhension est totale et Jésus n’a pas l’air de faire d’efforts pour arranger les choses. En fait, on peut remarquer que derrière les échanges verbaux, Jésus décrit un match invisible et sans surprise entre deux équipes bien distinctes. Pour parler de l’identité de son véritable adversaire et de ses adeptes il joue sur les oppositions : vérité-mensonge, liberté-esclavage et bien sûr la question de la filiation. L’enjeu de la partie, c’est le contrôle du monde. 

Voici en résumé la vision du monde selon Jésus : tous les hommes sont esclaves du diable. Formatés pour croire les mensonges publicitaires de leur maître, ils ne se rendent absolument pas compte de leur état réel, ils ne se doutent pas qu’ils sont en fait menés à l’abattoir. C’est justement pour casser ce charme maléfique que Jésus est venu sur terre en disant la vérité qui réveille, qui sauve. Le gros problème c’est que comme dans toute addiction, il n’est pas facile de décrocher. La première étape de guérison consiste à reconnaître qu’on a un problème. Alors quand Jésus propose de libérer ces adorateurs juifs venus dans le temple de Jérusalem, ils sont un peu choqués car ils n’étaient pas au courant de leur aliénation, ils étaient même fiers de leurs origines. 

La démonstration de Jésus était scandaleuse à l’époque, elle l’est toujours aujourd’hui. Difficile d’entrevoir qu’on appartient au Mal et donc qu’on est incapable de comprendre et encore moins d’accepter les paroles du Fils de Dieu. Difficile d’accepter qu’il n’y a pas une troisième voie où l’on peut mener une vie libre. Pourtant en matière spirituelle, la neutralité n’existe pas, on sert forcément quelqu’un : soit Jésus, soit le diable.. qui nous maintient dans une prison sans barreaux pour nous faire croire qu’on est libre :

« J’arrête quand je veux ! » dit le mec bourré, persuadé qu’il n’est pas alcoolique parce qu’il ne se saoule que les weekends. « J’arrête quand je veux ! » dit le fumeur qui ne fume que 10 cigarettes par jour. « J’arrête quand je veux ! » dit la personne qui a toujours les yeux rivés sur son téléphone, « Je me contrôle ! » dit la personne qui a des problèmes avec ses émotions… Mais oui, mais oui, on y croit à mort ! 

La vérité c’est qu’on est tous très contents de nos idoles qui nous tiennent captifs, on est satisfaits du collier qu’on a autour du cou car on estime que la longueur de la laisse est suffisante. La vérité c’est qu’on n’a aucune raison de changer si la réalité n’est pas assez insupportable, si on n’a pas pris la grosse baffe nécessaire pour nous sortir de notre délire autodestructeur. Alors, finalement, et si les crises et autres catastrophes n’étaient pas si mauvaises que ça ? C’est le sens de la fameuse citation de CS Lewis : « La souffrance est le mégaphone de Dieu pour réveiller un monde qui se perd. » 

Je pourrais vous parler pendant des heures du bonheur absolu de connaître Jésus personnellement, de pouvoir lui parler, compter sur Lui, de profiter des nombreuses guérisons qu’il peut opérer dans nos vies. Je l’ai vécu et c’est vraiment merveilleux… mais je constate depuis de nombreuses années que ça ne sert pas à grand-chose de décrire la solution quand personne ne voit le problème. Nous devons d’abord désespérer de nous-mêmes, de nos petites illusions de bonheur pour désirer entendre la vérité qui nous rendra vraiment libres. Cela rejoint ce que Jésus disait : il est venu pour les malades car seulement ceux qui se reconnaissent malades reconnaissent avoir besoin d’un médecin. 

Alors, arrêter de changer le pansement : penser le changement… et changez en laissant Jésus vous changer. Aller mieux c’est vraiment bien, vous verrez !

Yohann Tourne, 2023


Cette chronique est extraite du podcast le Comptoir, le podcast du GBU. Retrouvez l’intégralité de l’épisode 22 Décider de changer sur Youtube et Spotify

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