Justice et pardon #1

Que faire de quelqu’un qui a commis une faute ? La question ressort très régulièrement quand un homme politique ou bien une vedette est accusé d’un méfait plus ou moins choquant. Doit-on supporter sans rien dire la présence d’un réalisateur, un présentateur vedette accusé de viol ? Doit-on réintégrer un homme politique, qui a eu des comportements au minimum déplacés envers les femmes ? 

Pour répondre à ces questions, il faut donc parler de deux sujets qui sont au cœur de la Bible : la justice et le pardon.

Pas hystériques : excédées !

Commençons par la justice : car quand quelqu’un a fait quelque chose de mal, il faut qu’il soit jugé et puni s’il est reconnu coupable. Fermer les yeux, passer l’éponge par sympathie ou pour ne pas déranger l’ordre établi, c’est insupportable pour les victimes. L’injustice répétée enfante l’exaspération et c’est bien pour cela qu’on assiste de plus en plus à des réactions « exagérées », « hystériques » ou à des lynchages médiatiques de la part de femmes qui ne supportent plus l’impunité des pervers. Mais il n’y a pas que les victimes qui bouillonnent devant l’inaction. Il y a aussi, et surtout, Dieu.

Vous ferez disparaître le Mal du milieu de vous !

Il y a 3300 ans,  Dieu a délivré le peuple hébreux de la servitude égyptienne pour l’amener dans un pays qui devait être le paradis sur terre.Pourquoi ?  Pas seulement à cause de ses ressources naturelles (« ruisselant de lait et de miel ») mais aussi grâce à la loi de Moïse qui devait être le fondement d’une société juste et harmonieuse, pour la gloire de Dieu. « Vous ferez disparaître le Mal du milieu de vous ! » est une expression que l’on retrouve de nombreuses fois dans le livre du Deutéronome car ce peuple a été libéré pour montrer au monde entier les valeurs de son Dieu.

Voici trois passages qui montrent comment la justice devait régner chez les israélites : 

« Soyez impartiaux dans vos décisions, écoutez le petit comme le grand, et ne vous laissez pas intimider par qui que ce soit ; car la justice relève de Dieu. Si une cause paraît trop difficile pour vous, soumettez-la moi et je l’examinerai. » Dt 1.17

« Vous ne fausserez pas le cours de la justice, vous ne ferez pas preuve de partialité envers les personnes, et vous ne vous laisserez pas corrompre par des cadeaux, car ceux-ci aveuglent même les sages et compromettent la cause des innocents. » Dt 16.19

« La déposition d’un seul témoin ne suffira pas pour établir la culpabilité d’un homme accusé d’un crime, d’un délit ou d’une faute quelle qu’elle soit, on ne pourra instruire l’affaire qu’après avoir entendu les déclarations de deux ou de trois témoins.

Si un témoin malveillant accuse quelqu’un d’un méfait, les deux parties comparaîtront devant l’Éternel, devant les prêtres et les juges qui seront en fonction à ce moment-là. Les juges feront une enquête sérieuse. S’ils découvrent que le témoin a menti et qu’il a fait une fausse déposition contre son frère, vous lui infligerez la peine qu’il voulait faire subir à celui-ci. Ainsi, vous ferez disparaître le mal du milieu de vous. Les autres, qui l’apprendront, en éprouveront de la crainte et l’on n’osera plus commettre un tel méfait parmi vous. Vous ne vous laisserez pas apitoyer, la règle sera : vie pour vie, œil pour œil, dent pour dent, main pour main et pied pour pied. » Dt 19.15-21

Rappelons quelques éléments de contextes : À cette époque (et pendant des siècles) il n’y a pas de forces de l’ordre et la justice est rendue par les anciens du lieu. Ce qu’on appelle la loi du Talion (œil pour œil, dent pour dent, etc.) est donc une mesure limitative pour que la justice (souvent exercée par la famille de la victime) ne se transforme pas en vengeance : un œil en échange d’un œil et non une vie en échange d’un œil ! En réalité, la réparation était souvent financière mais cela pouvait aussi aller jusqu’à la peine capitale pour les crimes non réparables : « vie pour vie ». Et même quand l’auteur s’en tire avec seulement une amende, une mise à mort doit quand même être effectuée : celle d’un animal offert en sacrifice pour Dieu. Car comme nous l’avons déjà dit, pour un méfait il y a toujours 2 offensés au minimum : la victime qui a été blessée et Dieu qui a été blasphémé.

Une société de justice

Il faut donc impérativement que justice se fasse et c’est bien là le drame pour tant de femmes qui soit ne sont pas entendues, soit voient leur agresseur ne pas être inquiété faute de preuve. Pourtant, des témoignages il y en a toujours ! Après chaque scandale qui éclate, on lit que « tout le monde savait ». Tout le monde savait, personne n’a réagi et les victimes se sont multipliées alors que le pervers aurait pu être arrêté beaucoup plus tôt. Ceux qui n’ont rien dit deviennent alors complices et donc condamnables car ils participent passivement à la propagation du Mal dans leur environnement et la société. Là encore, référons-nous à la loi de Moïse où il y a obligation de dénoncer celui ou celle qui commet un crime… même quand c’est un parent. On peut trouver cela immoral aujourd’hui, pourtant dans la logique d’un peuple qui doit faire disparaître le Mal en son sein, c’est logique. Devant le Dieu de justice, il n’est pas possible que le Mal ne soit pas reconnu et puni ! Sinon c’est toute la société (complice du Mal en ne le condamnant pas) qui sera maudite par Dieu. 

Si vous êtes choqué par le fait que Dieu se mette en colère (alors qu’il est aussi amour), et par le fait que l’entourage d’un coupable soit aussi condamné, ce sera l’objet de prochains articles. En attendant, revenons aux victimes : une société (allant des témoins directs jusqu’au système judiciaire) qui ne les protège pas, qui ne les entend pas, qui ne leur rend pas justice n’a-t-elle pas un sérieux problème moral ? Et ce problème moral n’est-il pas exacerbé quand la dite société estime ne plus avoir de comptes à rendre à Dieu ?

D’ailleurs, aux USA, pays à la forte culture chrétienne, Harvey Weinstein, Roman Polansky ou Dominique Strauss-Kahn ont été jugés. En France, vous en connaissez beaucoup des célébrités qui ont été condamnées ?

Yohann Tourne, 2023

La suite de la série d’article : Justice et Pardon #2

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