Tiré des chréoniques de Narnia, la transformation d'Eustache, une image de la transformation chrétienne

Pourquoi Jésus est-il mort ? Une identité transformée

Faire la morale ne suffit pas

On entend parfois cette remarque : « au final, tous les grand maîtres de morale ont enseigné la même chose ». Il y a du vrai dans cette idée, dans le sens où on peut trouver des ressemblances dans certaines grandes lignes des enseignements de Confucius, Socrate, Jésus, Bouddha, etc. Si on entre dans les détails, on trouvera par contre des divergences qui infirment cette idée très générale[5. Voir par exemple notre article : Le bouddhisme n’apporte-t-il pas la même paix que la foi chrétienne ?].

Mais dans tous les cas, elle manque le vrai problème. Le vrai problème, c’est qu’il ne nous suffit pas d’avoir quelqu’un qui nous dit ce que nous devons faire ou comment nous devrions agir. Nous pouvons bien savoir comment il faudrait agir, mais, livrés à nous-mêmes, nous ne le faisons pas. Nous reconnaissons par la réflexion, l’éducation ou l’intuition ce que serait la bonne action, mais nos tendances égoïstes prennent le dessus, et nous agissons contre notre conscience. Dans notre nature humaine actuelle, malgré tous nos efforts, nous n’accomplissons pas ce que nous jugeons bon. C’est pourquoi tous les maîtres de morale, les bons conseils et toutes les règles de comportement ne parviennent qu’à nous condamner, à nous rendre conscient de notre échec et de notre insuffisance.

Faire n’importe quoi ne convient pas non plus

On est alors tenté  de rejeter l’idée de morale, l’idée de principes de vie qui demandent notre obéissance. On préfère suivre notre instinct, faire ce que « notre cœur » nous dit. En pratique, cela signifie être bien souvent égoïste, et parfois calmer sa conscience par une bonne action qui ne coûte pas trop cher. On suit sa pente, qui logiquement mène au fond du trou. On fait du mal aux autres, on y devient insensible, et on devient d’autant pire. L’absence de règles ressemble à une liberté, mais elle conduit à être esclave de nos mauvais penchants[1. En plus, comme le relève Albert Camus, l’absence de morale implique une absence de valeur spécifique à nos actions, qui les vide de leur sens :

Si rien n’est vrai, si le monde est sans règle, rien n’est défendu ; pour interdire une action, il faut en effet une valeur et un but. Mais, en même temps, rien n’est autorisé ; il faut aussi une valeur et un but pour élire une autre action. La domination absolue de la loi n’est pas la liberté, mais non plus l’absolue disponibilité. Tous les possibles additionnés ne font pas la liberté, mais l’impossible est esclavage. Le chaos lui aussi est une servitude. Il n’y a de liberté que dans un monde où ce qui est possible se trouve défini en même temps que ce qui ne l’est pas. Sans loi, point de liberté.

Camus, A., L’homme révolté, Gallimard, 1972, p. 94-95].

Car le problème des maîtres de morale n’est pas que leur morale serait mauvaise ou creuse, mais c’est que nous ne la pratiquons pas. Voilà la condition humaine, coincée entre des exigences qui condamnent et un laxisme qui dégrade. Pour l’homme livré à lui-même, il est possible de naviguer entre ces deux pôles, mais pas d’échapper au dilemme. Personne ne fait parfaitement ce qu’il faudrait, et l’expérience montre qu’il ne suffit pas de supprimer toute règle pour faire devenir les hommes bons et libres, désolé Jean-Jacques[1. Jean-Jacques Rousseau tenait un discours que l’on résume dans la phrase « l’homme nait bon, c’est la société qui le corrompt ». On trouve cet idée par exemple dans l’extrait suivant : « Qu’il sache que l’homme est naturellement bon, qu’il le sente, qu’il juge de son prochain par lui-même ; mais, qu’il voie comment la société déprave et pervertit les hommes ; qu’il trouve dans leurs préjugés la source de tous leurs vices {…} » Émile ou de l’éducation (1762), Jean-Jacques Rousseau, éd. Garnier-Flammarion, 1966, p. 308, d’après wikiquote.]. Beaucoup peuvent se reconnaître dans cette exclamation de l’apôtre Paul :

En effet, je sais que le bien n’habite pas en moi, c’est-à-dire dans ma nature propre: j’ai la volonté de faire le bien, mais je ne parviens pas à l’accomplir.  En effet, je ne fais pas le bien que je veux mais je fais au contraire le mal que je ne veux pas.[8. Lettre de Paul aux Romains, chapitre 7, versets 18 et 19.]

Jésus et la transformation

Cette situation est précisément l’un des problèmes que Jésus est venu régler. Pour accomplir le bien qui serait attendu de nous, il ne nous faut pas une liste de choses à faire, mais un changement de notre cœur, de notre identité profonde. La proposition de la foi chrétienne est la suivante : par la foi en Jésus-Christ, il est possible de mourir et ressusciter avec lui. Mourir par rapport au système des exigences qui nous condamnent et nous enferment – on n’exige rien d’un homme mort[3. Voir la lettre de Paul aux Romains, chapitre  7, versets 1 à 6.]. Mourir également quant à notre nature égoïste et perverse. Ressusciter pour vivre d’une nouvelle manière[4.

Jésus est mort pour tous afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et revenu à la vie pour eux. Voilà pourquoi nous ne considérons plus personne d’une manière purement humaine. Même si, autrefois, nous avons considéré le Christ d’une manière humaine, maintenant nous ne le considérons plus ainsi. Dès que quelqu’un est uni au Christ, il est un être nouveau : ce qui est ancien a disparu, ce qui est nouveau est là.

2 Cor inthiens 5.15-17.]. Jésus est Dieu fait homme, qui vit une vie sans faute, telle que nous devrions tous la vivre. Ressusciter avec lui, c’est laisser sa vie et sa conduite devenir le modèle des nôtres.

Il n’est pas simplement question de faire comme Jésus par nos efforts d’imitation ; cela ne changerait pas notre problème. Jésus, homme et Dieu, a promis de venir vivre en ceux qui croient en lui. C’est l’un des rôles du Saint Esprit : c’est l’esprit de Dieu qui vient rendre Jésus présent en nous pour nous transformer à son image. Cette transformation nous garde du mal plus efficacement que ne peut le faire aucune règle, et nous libère plus réellement que tout le laxisme du monde. Elle est progressive, à mon avis parce que Dieu veut nous transformer sans détruire notre identité ou annihiler notre liberté[3. C’est ce que j’ai un peu plus développé dans « pourquoi les chrétiens ne sont-ils pas meilleurs ? ».], mais elle est nécessaire. Voulons-nous entrer sur ce chemin ? Étudier la solution que Dieu propose en Jésus ?

Jean-René Moret,

Avril 2015


L’image de couverture est inspirée des chroniques de Narnia,tome V, L’odyssée du passeur d’aurore, et représente la transformation d’Eustache, une image de la transformation chrétienne (Le jeune Eustache s’était endormi dans un antre de dragon et s’était trouvé transformé en dragon. Le lion Aslan, symbole de Jésus-Christ, lui rend son apparence humaine en déchirant couche sur couche de sa peau de dragon). Source : http://clang55.deviantart.com/art/The-Redemption-of-Eustace-112563697

Cet article est le deuxième d’une série pour répondre à la question “pourquoi Jésus est-il mort ?”.

Les autres angles sont les suivants :

8 réflexions sur « Pourquoi Jésus est-il mort ? Une identité transformée »

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